Abidjan: quand la rue veut nous dicter sa loi

7 octobre 2014

Abidjan: quand la rue veut nous dicter sa loi

Crédit image: google
Crédit image: google

Il faut qu’on se respecte, qu’on respecte les autres et surtout la vie.

A peine connectée, je tombe sur un article incomestible certainement écrit par un rat de la presse parce qu’un professionnel des médias ne se risquerait pas à produire pareil torchon. En effet monsieur l’auteur de l’article comme de nombreux internautes, blâme dans son torchon une jeune fille qui la veille, s’est vue violentée dans un quartier de la commune de Yopougon.

Une jeune fille par conséquent un Homme, un être humain, battue, dénudée en pleine rue, filmée, photographiée, touchée, avilie, par des centaines de mains et d’yeux.

L’article met en avant une jeune fille dévêtue, violentée et humiliée par une population immature en quête grandissante de sensations fortes et surtout malsaines. Une population qui a perdu tout sens critique, toute notion de bon sens.

Mais au-delà de l’acte qui a été posé par ces individus, c’est plutôt l’image qui illustrait l’article qui m’a révolté. On y voit la jeune fille en tenue d’Eve, floutée certes, mais tout de même assez explicite. Et dans la foule ce qui retient mon attention c’est la présence d’un policier en tenue. Comme la centaine de badauds qui prenait des photos et filmait, l’homme dans une indifférence irresponsable, semble prendre un certain plaisir à cette dégradante scène.

Le policier est censé être celui vers qui l’opprimé et même le bourreau court se réfugier. C’est celui qui est censé assurer notre sécurité et maintenir l’ordre public.

Mais quand je vois celui-là assister, je dirai même participer à cet acte immoral, amoral et avilissant je dis non !

Déshabiller en pleine rue, battre, humilier autrui parce qu’il porte des vêtements qu’on trouve « trop sexy »… mais on est où là ! Dans quel monde on se trouve là !

Depuis quand s’habiller sexy est un délit ?                                                                                          Elle n’a pas à être humiliée de la sorte parce qu’elle s’est vêtue plus court que la normale.

Que font les pouvoirs publics, le ministère de la solidarité, de la famille, de la femme et de l’enfant ? Le ministère de l’intérieur également ? Car ces histoires ils les entendent, se les font raconter. Parce qu’à Abidjan tout le monde est connecté. On parle d’un Etat de droit, alors respectons les droits élémentaires de l’Homme.

Le droit à la liberté ne commence-t-il par le respect de l’intégrité physique, de la dignité et de l’autonomie de la personne humaine ? Il a même valeur constitutionnelle.

On me parle d’éducation, mon œil ! Je dis non !

Ainsi humiliée, indignée, brisée, qu’est-ce qu’on attend-elle ? Qu’elle s’habille plus décemment ? Qu’elle serve d’exemple ? Je dis non ! Elle n’est pas la première à qui cela arrive à Abidjan mais je souhaite que cela ne se répète plus.

Il faut que des lois soient votées et surtout appliquées pour que les auteurs de pareils ‘’crimes’’ soient sévèrement punis. Car il n’existe pas de petits crimes, si on laisse faire, faut pas s’étonner de voir cette pratique devenir une loi de la rue et ces auteurs une menace pour le droit à la liberté et surtout celle de la femme ivoirienne.

J’adore mon pays et le travail qui y est abattu, mais j’adore encore plus la liberté. Parlons aujourd’hui pour nous assurer demain un avenir libre et serein.

 

Matagaly T.

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