Etre Maman ou faire carrière ?

18 novembre 2014

Etre Maman ou faire carrière ?

Crédit photo lemonde.fr

La question semble assez banale mais détrompons-nous, elle est profonde. Pour certaines personnes, elle ne se pose pas. Mais pour d’autres comme moi elle s’est posée.

Nous passons notre vie scolaire et estudiantine à faire tout correctement, afin d’obtenir nos diplômes et enfin débuter une belle carrière.

Quand les choses débutent bien comme elles l’ont été pour moi, à 23 ans j’avais mon premier CDD et bien rémunéré en plus, on se dit que le CDI n’est pas loin. Mais on finit par déchanter quand on commence à passer de CDD en CDD et d’entreprise en entreprise. Et au bout d’un moment puisqu’on prend de l’âge, le besoin naturel et légitime de se poser et d’être maman se fait de plus en plus sentir.

Mais le gros problème qui se pose est : Je suis en CDD et nous sommes plusieurs à convoiter le post et le CDI, alors prendre une grossesse est–elle une bonne idée ? Bien sûr que non.

Et on patiente, on travaille, on ne rentre qu’à 21 heures après tous nos collègues, on s’applique à remplir ses tâches et même à se proposer pour des tâches que même les « mecs » se refusent à faire. Dans le but de faire remarquer que nous sommes compétentes et que nous ne sommes pas que des femmes mais des Hommes.

Mais devrait-on renoncer à une carrière pour avoir des enfants ou renoncer aux enfants pour avoir une carrière ?

On se la pose pendant un moment et arrive finalement le jour où on fait un choix. La carrière où la maternité ? J’avais décidé privilégier ma carrière vu que j’étais dans une des plus grandes boîtes du pays. Mais finalement, malgré mes projections et mes ‘’précautions’’ un choix s’est imposé à moi.

Mon choix, il se nomme mon fils !

Crédit photo aufeminin.com

J’avoue que j’ai eu peur à l’annonce de la grossesse. J’ai d’ailleurs caché ma grossesse à tous mes collègues et superviseurs craignant ne pas voir mon CDD renouvelé ou ne pas le voir se transformer enfin en CDI. Finalement à six mois de grossesse, un soir où on s’est rencontré par hasard dans les couloirs de l’entreprise, la directrice m’a posé la question tant redoutée.

–          « Oui je suis enceinte lui ai-je répondu ». Elle m’a observée pendant quelques secondes et j’ai pu lire dans son regard de l’ambiguïté…

Les mois ont passé et jusqu’à mon congé de maternité, je n’ai jamais quitté le bureau avant 19h, m’arrangeant à tout boucler, même si j’avoue que ça devenait de plus en plus dur. Mes stagiaires savaient eux, qu’à partir de 17h, il ne fallait pas me provoquer (rire).

Au bout du compte, après deux ans de ‘’loyaux’’ services rendus à la grande famille y’ello, mon contrat n’a pas été renouvelé et ce, quelques jours avant la venue au monde de mon fils. Le pire, pourrait faire l’objet d’un autre billet et avoir pour titre (descente aux enfers d’une nouvelle maman).

Stress de l’accouchement, pression familiale, peur des lendemains incertains, tout se conjugue. En deux semaines tout a basculé, je n’avais plus d’emploi. Et c’est là que vous entendez toute sorte de commentaires, « Tu aurais dû attendre de passer en CDI, tu n’aurais pas dû… ». Et patati et patata. Tout le monde pour te faire comprendre que tu n’es qu’une femme et personne pour s’indigner qu’une femme ne puisse pas devenir mère quand elle le souhaite.

Je n’ai pas vu mon contrat s’arrêter parce que je n’étais pas à la hauteur mais parce que je devenais une charge pour l’entreprise. Parce que deux à briguer le poste, l’autre est passé en CDI et l’entreprise a pris quelqu’un en CDD pour me remplacer, un homme qui, aujourd’hui, je pense, est passé en CDI.

Les lendemains s’annonceront féroces mais je ne suis pas de ceux qui s’avouent vaincus, je suis-là, je tiens. Mes économies m’ont permis de faire un master dans un domaine qui me passionne et où j’ambitionne de tisser ma toile. Après deux grosses années de galère qui m’ont quand même permis de monter mon commerce. J’ai, depuis, un an maintenant, intégré un grand cabinet, mais là encore rien n’est joué.

Il est facile d’imaginer que les filles n’ont pas de problèmes pour avoir un travail stable mais allez leur demander à toutes ces femmes sans emploi leur quotidien. J’ai même entendu plusieurs dire : « Mais tu as tout ce qu’il faut ma petite pour avoir ce que tu veux ». Insultant parce que moi ce que je veux, ne doit pas s’obtenir et se garder grâce à mes rondeurs ou à mon visage mais plutôt grâce à mes facultés intellectuelles.

Elles sont nombreuses, celles qui ont vu leurs rêves se briser à cause d’une maternité. Ou tout simplement celles qui ont dû pour des raisons sociales ou religieuses faire un choix.

Il ne devrait pas avoir de choix à faire « nous n’avons pas renoncer à une carrière pour avoir des enfants ou renoncer aux enfants pour avoir une carrière… Nous avons le droit de tout avoir».

Aujourd’hui, je suis fière d’être maman. Mon fils est ma victoire, il est mon catalyseur, celui qui me remet sur les rails. Pour lui et pour moi, je n’ai pas le droit de ne pas faire carrière. Je gravirai les étapes de la vie et me percherai au sommet. Pour tendre la main à toutes ces personnes plus mal loties que moi.

Et dans cette quête de l’épanouissement, l’entrepreneuriat me semble une des meilleures voies. Alors mesdames c’est à nous de jouer et de nous imposer à ceux qui ne tiennent pas à voir les choses changer.

Matagaly T.

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Commentaires

Mohamed
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Ce papier est une une "belle plume", il est aussi à mon humble avis la résultante d'une inspiration profonde et une hargne prononcée de vaincre le tralala quotidien.

Au delà du cris de cœur de la jeune dame moderne en quête de reconnaissance, juste la reconnaissance professionnelle dans sa dimension genre, humaine et morale. La professionnelle-maman ou la maman-prof engagée contre le "plafond de verre" ! Je dirai que c'est de bonne guerre et toute les batailles menées, en cours ou à mener dans ce sens ont été, demeurent et sont légitimes. Aller savoir!

Ma désinvolture dénote de mon soutien à l'auteur, mais aussi de ma conviction que l’équilibre socio-économique de nos jeunes nations africaines passerait par l'inclusion de tous, l’égalité des chances et le respect des choix de tout un chacun. Grosso modo, le respect de la diversité pour faire émerger le punch, la vista et le dynamisme souvent enfermé en chacun d'entre nous.

D'ailleurs, n'est-ce pas là l'objet du leadership et de la gouvernance d'entreprises voire des organisations, in extenso? Telle est aussi le domaine de prédilection de la RSE exigeant de nos managers et/ou leaders un comportement en phase avec la Responsabilité attendu de leurs organisations. Ne sont-ils/elles pas comptables de l'inclusion, du développement et de l'empowerment des parties prenantes directes de leurs organisations que sont leurs employé(e)s, leurs collègues? Bref!

J'ai autant apprécié la plume que la réactivité de l'auteur, disons sa stratégie, sa volonté de guerroyer dans un monde de plus en plus grisaillant, austère et répulsif.

La décision de s'orienter vers l'entrepreneuriat est alors un choix, un choix certes salutaire, décisif dans une certaine mesure, mais peut être hâtif, par ailleurs? ceci pourrait faire l'objet d'un autre écrit, ...

Qu'importe, l'important c'est de vivre. Nous en avons tous le droit, et par ricochet le devoir de réussir, respecter les choix des autres et surtout les aider à atteindre les objectifs qui sont d'abord les leurs! C'est ce que m'a enseigné, mon prof de management des organisations contemporaines : le Prof. Shérif Delawar. Là aussi, j'effleure un autre sujet qui mériterait d’être discuté et compris de tous.

Je tenterai de terminer par affirmer avec insistance que les enfants font partie de nous, il va falloir s'avoir vivre et travailler avec, même au 21 ème siècle! Nous somme la "victoire" de nos parents, et nos enfants sont notre "victoire" ...

Clin d’œil à tous les enfants du monde!

matagaly
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C'est tout à fait comme ça qu'il fallait comprendre ce billet. Chapeau, parce que le commentaire en lui seul prend en compte tous les non-dits du texte et soulève en même temps plusieurs thématiques de fond. A creuser...