matagaly

Quand on naît en dépit de tout

Quand on vient au monde, aimé plus que l’or, désiré plus que la gloire et haï plus que la peste, considéré comme une horrible tâche d’encre.
On apprend à « être ».
On a des pas lourds mais certains.
On fait de nos larmes, des cristaux. On fait de l’amour notre marque déposée et de nos revers, des catalyseurs.
Quand on est né malgré tout…
On apprend à surmonter ses peurs sans pour autant jamais les perdre.
On est craintif mais si sûr de notre destin.
On apprend à aller plus loin que la moyenne.
On développe une empathie naturelle à l’égard des « autres », de ceux qui sont différents. On tombe parfois dans des cercles sado-maso, habitué qu’on est, à toucher le froid et le chaud.
S’aimer n’est pas une option mais la clé pour faire face.

CP: Pixabay

Les revers nous font terriblement souffrir mais ne nous brisent pas.
La souffrance nous ébranle, elle nous déstabilise, nous fait douter de nos acquis. Quand il arrive que l’existence nous rudoit et qu’on a l’impression qu’on porte le monde comme fardeau.
On finit par se souvenir qu’il y a plus mal lotis.
On est exigeant vis à vis de ceux qui comptent pour nous, les autres nous indiffèrent tout simplement.
Y arriver, toucher le sommet est et demeure notre essence.
On se soucie peu des paillettes, on se présente nu d’artifices.
On sait encaisser les coups mais on ne cicatrise jamais vraiment. On porte nos cicatrices comme une carapace.
On est parfois une boule de sentiments croisés, prête à exploser.
Nos sourires sont légions et nos colères retentissantes.

    CP: Pixaba

On évite de frapper parce qu’on le fait mal ou trop bien.
Oui quand on est né malgré eux mais grâce à Dieu,
On se soucie peu des paillettes, parce qu’on est déjà de gloire vêtu !
Matagaly


L’émotive

Ça vous arrive ?

Avoir envie de l’ouvrir, de « chialer » tout d’un coup.
Loin de ma chambre, alors pas moyen d’y aller franco.
Je ne me l’explique pas, je la subit…
Cette émotivité, que personne ne m’accorderait au premier contact.
Cette hyper sensibilité que je ne me tolère pas.
Cette souffrance muette me torture, me déstabilise.
J’aurai bien voulu faire sans elle, m’en débarrasser, mais non, elle fait partie de moi. Elle est moi.


J’ai toujours eu la larme facile.
Je ne le fais pas pour attendrir qui que ce soit mais on pourrait le penser. Dans mes lointains souvenirs, des images me reviennent…
Alors qu’on avait dû faire une bêtise et que je tentais de m’expliquer, mes larmes ont pris le dessus sur les mots, comme d’habitude…
On m’a dit, « Tu penses que tes larmes vont m’attendrir ?  »
Parce que oui, c’est l’image qu’on renvoie. Je donnais l’impression de pleurer pour avoir ce que je voulais. Or à cette époque, je faisais toujours tout pour être traitée comme mes frères. Sur un même pied d’égalité. Et ça je le fais partout ou je me trouve.

Pour illustration, je n’ai pas eu de caprices de femme enceinte. J’ai porté ma grossesse 5 mois avant que mon Supérieur hiérarchique ne le sache je rentrais seulement quand tout était bouclé. Je ne demandais à personne de me trouver du calamar à 02h du matin, d’ailleurs à qui je l’aurais demandé 😅. J’ai porté ma grossesse sans en faire un handicap, une maladie. Aujourd’hui grâce à Dieu, mon Wahid est un monsieur au caractère trempé, vif d’esprit et tout de même un gros émotif.

Au fil du temps, j’ai développé des réflexes. J’ai appris à me vêtir d’une certaine carapace.
Alors je peux passer pour une « insensible ». Vrai ou faux?
Faut dire que la vie, mes propres expériences m’ont immunisé vis-à-vis d’un grand nombre de choses.
Paradoxalement, je reste tout de même une « giga émotive ».

Quelqu’un m’a dit un soir, alors que je n’arrivais pas à lui dire « tu me manques « ,
– « Pourquoi tu ne le dis pas ? Je ne te manque pas ? Pourquoi tu as tant de mal à dire ce que tu ressens? Pourquoi tu ne pleures jamais? »
Holà holala, qu’est-ce qu’il raconte lui? S’il savait que là, en ce moment, derrière mon écran, mon visage ruisselle de larmes…
– Kady, Y a-t-il un défi entre toi et moi. Sur qui est le plus faible?
– Non, qu’est-ce que tu vas chercher ?
– Tu es si froide par moment…
Alors entre deux sanglots, je me suis libérée, j’ai laissé transparaître ce moi.
Il m’a dit :
– Ne laisse pas le regard des autres te changer, pleure quand tu en ressens le besoin, crie quand ça peut te soulager.
C’est toi et tu n’y peux rien.
– Je reste moi, je cherche juste à canaliser ce trop plein d’émotions.
– Non ce que tu fais, c’est changer la perception des gens sur toi. Tu passes pour une insensible, une personne froide, dure…
– Moi, froide, dure?
– Oui, toi.

Et vous qui me connaissez, qu’est-ce que vous en pensez? C’est vraiment l’impression que je donne? Franchement? Non je ne crois pas, parce que non je ne suis pas insensible.
Au contraire je suis d’une émotivité maladive.
Matagaly


Cachez-moi ces rides, d’illustres invités arrivent…

Des ouvriers dans les rues, des « machines et du nouveau bitume un peu partout pour « raccommoder  » notre réseau routier. Comme des tonnes de couches de fond de teint et de fards à paupières. D’illustres invités arrivent, faut cacher rides et hématomes.

CP: Mairie de Bouaké

Ahhh 2020, tout le monde « il a beau » tout le monde « il a bien »¹. Chez moi, désormais tous les anniversaires de quartiers ont droit à des parrains 15 étoiles.
Que dis-je, pas tous, seulement ceux qui portent une étiquette.
De nombreux concerts offerts pour distraire une jeunesse « hybride » en quête de son identité. Alors que le « constructif » est ignoré… Des activités qui sous d’autres cieux auraient retenues l’attention, restent ici, orphelines, victimes de leur « non-appartenance ».

En Mars 2019, les Amis de la Ville de Bouaké (AVB)² lancent l’initiative « Challenge Accepted ». Des jeunes de tous bords se mobilisent, des passages à des émissions TV et radios telles que C’Midi ou Rien à cacher (radio Nostalgie) sont effectués.
Pour maintenir la flamme, pour appuyer cette mobilisation, de l’aide est demandée aux autorités locales, ONG et personnalités de la ville.
Certains y répondront avec enthousiasme, quand d’autres feront mine de ne rien voir. Ça n’empêchera pas le mouvement de continuer mais difficile d’avoir un impact plus grand quand ceux qui sont censés soutenir ces actions sont aux abonnés absents. Tant bien que mal, le mouvement continu en s’adaptant à notre contexte bouakois.
Mais voilà que la belle « 2020 » se rapproche, le besoin de se faire voir sous des angles « verts » également. Alors des associations de quartiers sont réveillées qui luttent contre l’insalubrité « une première à Bouaké  » dit-on😅. Elus locaux et cadres intéressés se mobilisent, soudain épris « de vert ». Chacun oeuvrant pour la paternité de ce « nouveau Bouaké propre ». Combien de temps va durer cet intérêt ? Wait and see…

Des usines qui n’existent plus que de noms, des bâtiments tombés en désuétude. Gonfreville fonctionne au presque quart de son potentiel. Fibako est mort. Et j’en passe. Rien de nouveau et de concret pour booster « la vieille » depuis plus de 15 ans.
Une arthrose politique lui paralyse le faciès, ne laissant entrevoir au voyageur qui la traverse, qu’un visage morne. Des façades repeintes de poussière. Aucun attrait véritable pour le voyageur qui traverse la ville.
Près de 20 ans qu’elle se meurt ma ville.
Chacun y a pris sa part, ils l’ont chevauché jusqu’à satiété.
Après la crise, d’autres villes s’en sont sorties avec un nouveau visage parce que leurs enfants ont su les relever.
Bien difficile pour ma belle qui a eu à nourrir bien plus d’ingrats et de profiteurs que d’enfants reconnaissants.
Alors que 2020 s’annonce, l’amnésique torpeur qui s’était emparée de « ses fils », semble pourtant avoir disparu. Du moins en apparence… On veut la draper de tenues coûteuses et l’emmener virevolter aux sons de musiques décalées. On veut cacher son corps meurtri, voiler les abus qu’elle a subi. En témoigne ce revêtement des principales artères de la ville, quelques jours avant une visite officielle du Président de la république et de son homologue gaulois.


CP: Pixabay

On veut construire du semblant sur du faux. À croire que les populations sont ignares et ne méritent qu’une attention de circonstance. Cette même population qui ira dans quelques mois faire le choix de son prochain bourreau. Formatée, éduquée depuis des lustres à suivre et à prendre le peu qu’on lui jettera. Rien à changé, pis, rêver à un coût aujourd’hui.

Qu’est-ce qu’on fait de cette frange de la jeunesse qui s’est souvent construite sur des « anti-models »? Éducation bâclée, formation inexistante pour certains, quand d’autres ne savent pas comment s’orienter, perdus, des diplômes sous le matelas.
Ma ville, il faut l’avoir connu avant et la pratiquer aujourd’hui pour comprendre qu’elle vaut bien plus que de l’or. En son sein, la qualité n’est pas une option, c’est la norme.
Ils sont pourtant nombreux à la dénigrer, lui prêter l’origine de biens de troubles… D’autres la trouve laide car bourrée d’engins à deux-roues, en oubliant que c’est l’héritage à elle légué pour tous les « services arrachés » lors de ces années de crise. Il fallait bien se déplacer, trouver à manger… D’autres en n’ont peur.

Mais nous sommes là, avec elle, ne pouvant nous résoudre à l’abandonner. Convaincus qu’elle retrouvera fière allure. Nous y travaillons en tout cas. Rude et ingrate bataille, espérons et prions juste que la hargne et l’enthousiasme ne nous quitte jamais.
Que combat après combat, il en reste toujours pour reprendre le flambeau.
On y croit, on s’affaire à grandir tous nos petits évents en de grandes choses. Parce que c’est chez nous et c’est par nous que soufflera le vent nouveau, celui qui balaiera les blessures du passé, celui qui fera tourner la roue dans le sens du développement durable de notre belle.
Oui oui c’est normal, on ne peut pas tous attendre 2020 pour éprouver un subit amour ou démontrer de l’intérêt à cette ville.
On était là quand elle est « tombée », on sera là après les promesses non tenues.
Tout ce qu’on peut faire, on le fera parce que c’est chez nous et qu’on lui doit bien ça.


Matagaly

¹ expression détournée pour dire que tout va bien, que la vie est belle.

² Une plateforme née en 2012 et qui se veut forte de 89000 membres. Ce sont des personnes, des entreprises, des institutions et ONG qui ont en commun la ville de Bouaké.


Mara’CAN 2019, les éléphants Maracaniers sont à Conakry

Convivialité, Fraternité et Amitié (CFA), si cette devise vous est inconnue, alors vous n’êtes ni un fan, ni un pratiquant de maracana. Maracana ? Oui, cette discipline sportive qui prône l’amitié en toute circonstance, s’apparente au football avec toutefois des règles bien différentes. Né dans les années 1970 dans le milieu estudiantin ivoirien, le maracana est aujourd’hui un sport connu et pratiqué à travers le monde. La Guinée-Conakry est la nation qui accueille cette semaine, la 8e édition de la Mara’CAN, du 24 au 30 septembre 2019.

Aux abords du stade du 28-Septembre, à Conakry, où aura lieu la mara’CAN. – Crédit photo : Camille Sarazin

Tenants du titre, les Ivoiriens ont posé leurs valises ce mardi  à l’hôtel Mariador Palace de Conakry. Détenteurs du plus grand nombre de distinctions dans le domaine du maracana, quel est leur état d’esprit et quel est l’objectif à atteindre pour cette 8 ème participation à la mara’CAN?

L’équipe nationale ivoirienne est encadrée par le coach principal Yobo Sylvain et son adjoint M. Ahoutou. On y dénombre vingt-quatre joueurs, qui vont concourir dans deux catégories.

Les supers seniors (vétérans) conduits par le capitaine Bailly Firmin sont accompagnés des séniors également dont le capitaine est Dagbéhi Paul Éric. Tous sont arrivés avec un but, se qualifier pour la coupe du monde qui se jouera en 2020 au Canada. Plusieurs fois vainqueurs de la mara’CAN, l’objectif à atteindre aujourd’hui se veut mondial.

Pour y parvenir, les moyens techniques et humains ont été déployés à Abidjan. L’entraînement a été intensif pour les hommes de Yobo Sylvain, c’est le moins qu’on puisse dire ! Rendez-vous quatre fois par semaine au complexe sportif de Yopougon tout au long de la préparation, une hygiène de vie stricte à respecter, des dispositions mentales, physiques et psychologiques à prendre… les Éléphants maracaniers se sont mis en condition pour affronter cette huitième édition de la mara’CAN.

L’équipe de Côte d’Ivoire lors de la mara’CAN 2018

Reconnu comme un sport fédérateur et facteur de cohésion sociale et de bien-être, le maracana est en Côte d’Ivoire une discipline de plus en plus pratiquée, et le nombre d’équipes affiliées à la FIMADA a grimpé dans le pays. Des joueurs venant de tous les horizons, de toutes les couches sociales, des retraités aussi bien que des personnes professionnellement actives se sont lancés, à l’instar de Samassi Ibrahim, professeur de lycée et joueur de l’équipe nationale ivoirienne depuis 2018. Pour ce professeur de sport, ancien joueur professionnel de football, la reconversion n’a pas été difficile, au contraire ! « C’est une suite logique », nous confie t-il.

Alors que nous écrivons ces dernières lignes en ce mercredi soir, les éléphants de Côte d’Ivoire mènent leur premier match face au Canada avec un score de 5-0 !

En attendant de connaître les résultats définitifs de cette première journée de compétition africaine haute en couleurs et en émotions, retenez quelques dates et éléments clés du Maracana. Et peu importe les résultats finaux de la compétition, soyez sûrs d’une chose, Convivialité, Fraternité, et Amitié demeureront les maîtres mots de ce grand moment de sport.

Quelques dates et noms clés du milieu du Maracana

Président du FIMADA (Fédération Ivoirienne de Maracana et discipline Associées) : Bleu Charlemagne

2012 : Organisation de la 1ère édition de la coupe d’Afrique des Nations de Maracana en Côte d’Ivoire

2013 : 2e édition de la mara’CAN au Bénin

2014: 3 ème édition de la mara’CAN au au Niger

2015: 4e édition de la mara’CAN au Togo

2016: 5e édition de la mara’CAN au Mali

2017: 6e édition de la mara’CAN au Burkina Faso

2018: 7e édition de la mara’CAN en Cote d’Ivoire.

Matagaly