matagaly

Mon p’tit cœur

Sois la bienvenue p’tit cœur

Que ta vie illumine toutes les autres dont tu croiseras le chemin et plus encore les nôtres

Dans cette famille que tu viens d’intégrer,

Tu devras t’accommoder, aux mecs un peu loufoques et nombreux

Aux femmes en nombre réduit, mais qui en impose

Ici nous ne sommes pas riches d’or, mais sois sûre d’une chose

D’amour, jamais tu ne manqueras

Je te préviens, il te faudra être forte

La vie peut être rude,

Elle te portera parfois de grands coups

Et tel un roseau, tu plieras mais ne romps pas

De ses douceurs n’hésites pas à te délecter

Observe, analyse et fais tes propres erreurs

Jamais celles d’autrui

Sois toi et jamais une autre

Car les grands Hommes sont caractérisés par leur revers et leurs succès

Tu es faites du bois et de la sève des arbres millénaires

De ceux dont on profite de l’ombre et de la force

Dignité, loyauté, humanisme devront être les effluves de ta personne

Que la santé et la joie de vivre soient tes alliés éternels

Que Dieu te guide mon enfant…

Maman K, une Tata super heureuse!!!


A nos actes manqués

images-12Un homme oui

Mais celui d’une autre

Un père, mais le père d’une autre

En cela elle ne peut rien changer

Passer après l’autre

Rester à jamais l’AUTRE

Le dur choix de celle qui vient après.

Renoncer, refuser, recommencer

Les mots n’y changeront rien

Les promesses ne voileront rien

Écorcher ses principes

Embellir la réalité

Justifier ses sentiments

Seront son quotidien

Pour se réveiller un matin en se demandant

Si  le choix en valait vraiment la peine…

 

Karidj T.


Ce soir

agarovGris, clair ou sombre, mon ciel se couvre et se découvre

Du rosé au rouge vif, mes amours se teintent

Ce soir j’ai envie d’aimer et d’être aimée

Ce soir je n’ai qu’un désir, me laisser aller

Mais comme de nombreux soirs,

Je m’endormirai la tête pleine de projets

Le cœur ému d’avoir pu entendre mon petit monde

J’ai choisi d’aller vers mon destin, d’affronter mes peurs

De ne pas oublier mes revers et mes peines

Et d’en faire mon histoire

Ce soir j’ai envie d’y croire

Me laisser bercer par le regard profond d’un être qui comme moi n’a pas besoin de litanies pour comprendre

Ce soir comme d’autres avant et comme d’autres à venir

J’ai besoin d’aimer

Je ne suis pas de celles qui suivent la ligne, mais de celles qui la trace

Et de mes choix, le plus dur est de ne pouvoir être toujours présente et de ne pouvoir profiter de la ferveur de mes amours.

J’assume parce que j’y crois

Même si j’avoue que les moments durs sont nombreux pour ceux qui font des choix « décalés » de la norme

Le plus dur est de trouver la force de se détacher, de toujours recommencer

Et de se retrouver toujours seule face à ses peurs

Mais j’avance malgré tout, car stagner , m’arrêter me terrorise encore plus

La vie mérite d’être vécue envers et contre tout

Ce soir, j’ai juste besoin d’aimer

Et de tout oublier dans une étreinte profonde et voluptueuse.

 

Matagaly T.


Côte d’Ivoire : je suis mon propre bourreau

Fache fatigueDehors ils cassent, crient, brûlent, se font frapper et tuer.

Et nous derrière nos écrans, on publie, on commente, on attise la colère avec l’outil du moment. On encourage, on fait même des prédictions sur la durée du gouvernement en place.

Le gouvernement lui s’emmure dans sa tour de verre opaque.

Il mate avec des gourdins et des emprisonnements, les cris d’une détresse mal exprimée.

Oubliant que la colère est grande quand on a la conviction d’avoir été berné par des promesses de « Solutions » jusqu’alors immatérielles.

Mais dans ce tohu-bohu d’incompréhensions, on oublie tous une chose.

Notre responsabilité

Nous nous plaignons à longueur de journée, accablant nos dirigeants et le système.

Normal que le gouvernement soit le premier visé c’est vrai, car il est le mandaté.

La vie est chère, les factures d’électricités sont faramineuses, les campus mal gérés.

Et parce qu’on est tous fatigués, on passe sa vie à se plaindre.

Au bureau, dans le bus, au marché, sur les réseaux sociaux, dans nos chambres, dans les rues. Une seule expression:

ON EST FATIGUÉ

bertzmartz.frOui nous sommes tous fatigués.

Mais de quoi au juste ?

Nous sommes fatigués du système pourtant nos faits l’arrose.

On est fatigué du maigre nombre de bus en oubliant que la dernière fois pour exprimer au pouvoir notre mécontentement, on a brulé plusieurs bus.

On est fatigué de la CIE, on brûle donc et on casse les installations du groupe.

Et on oublie qu’on vient par la même occasion de faire perdre son emploi à Patrice le seul salarié de la famille.

On est fatigué de la conduite scandaleuse et dangereuse des « gbaka  et massa« , ces hors-la-loi qui sèment la mort et la désolation chaque jour et que la police feint de ne pas voir.

Mais ce qu’on oublie c’est la soirée qu’on vient de passer à « siffler » les bières d’Angelo le policier du quatrième, qui rentre chaque soir partager avec nous les gains du racket.images (6)

Gabriel est fatigué, Minata est fatiguée, Abou le mougou Pan est fatigué, Prisca rose bonbon est fatiguée.

Mais Abou oublie que le mougou Pan a parfois pour résultat des enfants livrés à eux même et en rogne contre la société. On les appellera « microbes ».

Gabriel est fatigué de son difficile statut de chômeur, en oubliant que le boulot qu’il attend ne viendra pas le trouver au gbêlê du quartier. Et qu’un chômeur n’est pas un handicapé moteur.

Tu es fatigué du système mais tu l’arroses.

Tu es fatigué pourtant, afterwork pour toi rime avec bamboula chaque soir dans les bras d’une nouvelle « petite« . Ailleurs les afterworks servent à prolonger des discussions constructives dans une ambiance décontractée.

Tu es fatigué mais tes actions sociales sont tellement peu nombreuses qu’on s’y perd.

Tu es fatigué mais les seuls cadeaux que tu offres aux enfants (quand par chance tu y penses) sont des poupées outrageusement maquillées et des pistolets. Ailleurs on leur offre des jeux éducatifs et des sorties culturelles.

téléchargement (7)enfats educationPas besoin d’être riche pour éduquer nos enfants et leur inculquer des valeurs. Notre  société de demain sera le résultat de ce que nous leur donnons comme exemple aujourd’hui. Une société raciste, xénophobe ne naît pas du jour au lendemain. Ce sont des sentiments qu’on sème, qu’on nourrit et qui germent parfois plus vite qu’on ne le souhaitait. Avec des résultats qu’il devient impossible de maîtriser.

Pendant que les autres faisaient du savoir et de l’éducation une arme pour produire des dirigeants forts et crédibles, nous avons fait de nos enfants des bombes autodestructrices. Les résultats sont là.

On nous a appris à nous plaindre, à tout réclamer, mais se remettre en cause non. Aujourd’hui nous avons perdu tout sens critique, toute notion du dur labeur.

Il va falloir réapprendre à vivre, trouver en nous la force de transcender nos lacunes, nos peurs, nos soucis du quotidien. Apprendre à s’exprimer avec des mots, de l’intelligence et des actes forts. Oublier les casses et les pillages.

Il nous faut recadrer nos ambitions. Apprendre à vivre pour les générations à venir, apprendre à se surpasser pour léguer un monde digne aux générations futures.

Et comme des hommes l’ont fait pour nous il y a quelques siècles, accepter de se sacrifier à la tâche, ne rien récolter aujourd’hui pour que nos enfants aient tout demain.

Seul un travail sur nous même nous fera atteindre les sommets. Le respect ne se réclame pas, il s’acquière et s’impose naturellement. On ne peut pas exiger des autres qu’ils nous respectent quand nous ne faisons rien pour le mériter.

Oui nous avons tous droit à une vie meilleure.

Mais nous avons avant tout le devoir d’être meilleurs.

 

Matagaly T.

Petit lexique:

gbaka  :  mini-car de transport en commun de 18 places en service dans les différentes villes de Côte d’Ivoire

massa: mini-car de transport en commun (interurbain) de 22 places

mougou Pan: courtiser une femme et l’abandonner une fois qu’on a réussi à avoir des relations sexuelles avec elle.

https://mcagnini.com/expression-urbaine-faire-un-mougou-pan/

Siffler: Consommer une grande quantité d’alcool

microbes: Bande armée d’enfants et d’adolescents auteurs d’agressions violentes et barbares dans la ville d’Abidjan

gbêlê:  Alcool frelaté issue des distilleries clandestines locales. Boisson très prisé par les moins nantis

afterwork: Sortie détente juste après le boulot entre amis ou collègues

petite: Petite amie occasionnelle